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En 1928, Suzanne Geoffre, modèle du couturier Paul Poiret qui souhaite fonder sa propre maison de mode, demande à Charles Dujarrier, alors au sommet de sa notoriété, de pratiquer une opération de chirurgie esthétique sur ses jambes qu'elle souhaite affiner, la mode de l’époque privilégiant de plus en plus les jupes courtes. Suzanne fait pression sur le praticien, menaçant même de se suicider s'il refuse de l'opérer.
Dujarrier n'a alors jamais procédé à une opération de ce type, la chirurgie esthétique étant encore à l’état embryonnaire à cette époque.
L’intervention aura lieu finalement le 28 février 1928.Dujarrier retire de la graisse sous-cutanée à l'aide d'une curette (sorte de « cuillère à pommes parisiennes »). Devant l’excès de peau résiduel, il décide de retirer une bande de peau malheureusement bien trop large, ce qui l'empêche de pouvoir refermer la plaie. Il opte pour une réduction des tissus musculaires pour diminuer encore le volume de la jambe.Ne parvenant toujours pas à suturer la peau, il décide de laisser la cicatrice ouverte mais de bander les jambes serrées. Ceci provoque malheureusement une gangrène, qui oblige à une amputation des 2 jambes en mars 1928.
Suzanne Geoffre poursuit le chirurgien et obtient 200 000 francs de dédommagement auprès du tribunal de Paris (jugement confirmé en appel en 1931). L’idée de retirer chirurgicalement la graisse pour réduire la silhouette est née, mais ce premier échec bloque pendant quelques décennies tout développement ou recherche dans ce domaine. Au début des années 60, le chirurgien allemand Schruddle présente « l’exérèse graisseuse ». À l'aide d'une curette spéciale, il retire la graisse par petites incisions. Vers 1964, le chirurgien plasticien brésilien, Ivo Pitanguy, présente des résections des surcharges graisseuses et des bourrelets disgracieux, mais au prix de cicatrices importantes. Hémorragies, infections et nécrose cutanées n’étaient pas à exclure et rendaient l’acte trop lourd et risqué. En 1974, les Dr Giorgio Fischer (gynécologues italiens), père et fils, inventent la forme première de la liposuccion. Ils mettent au point une canule d’aspiration motorisée munie d’une lame rotative placée directement derrière l’orifice de la canule et branchée à une aspiration. Ils creusent et éliminent ainsi directement de gros tunnels graisseux à travers des petites incisions. Les résultats de l’opération furent néanmoins peu satisfaisants : des complications furent décrites sous forme de saignements, de déformations et d’œdèmes. A partir de 1978, le Dr Yves Gérard Illouz, gynécologue français, améliore la technique en développant des canules de lipoaspiration de petite taille et au bout arrondi. Il invente régulièrement de nouvelles canules. Même si cette technique est plus douce, moins traumatisante, il persiste des problèmes de saignements trop importants et de défauts de surface sous forme de creux et de plis cutanés. Au cours des années 80, sous l'impulsion du Dr Pierre Fournier, un autre médecin français, se développent d’importantes améliorations techniques notamment par l’adjonction d’une infiltration première de sérum contenant essentiellement des anesthésiants et des vaso-constricteurs. En 1985, le Dr. Jeffrey A. Klein, un dermatologue californien met au point la technique tumescente de liposuccion. Permettant ainsi une liposuccion sous anesthésie locale en utilisant des canules plus petites et en infiltrant d’importantes quantités de préparation. Ces années ont permis d’identifier les 2 problèmes initialement posés par cette réduction de graisse et qui empêchaient sa diffusion massive.
Les saignements connaissent un réel recul après des techniques dites « humides », par l’infiltration importante de sérum contenant des vaso-constricteurs. Les résultats s’améliorent franchement grâce à l’utilisation de canules très fines associée à l’acquisition d’une meilleure expérience permettant de définir une véritable cartographie du corps, répertoriant les zones de peau élastiques favorables à une réduction du volume interne de celles par opposition considérées comme des régions interdites à toute aspiration au risque d’anomalies inacceptables (pli, trous, tôle ondulée). Le succès de la lipoaspiration était lancé. Les améliorations techniques au cours de ces dernières années visent à optimiser l’extraction graisseuse par les ultra-sons, le laser ou des vibrations mécaniques. Mais sans vraiment révolutionner le geste. En 2010, le nombre d’opérations de chirurgie esthétique a atteint 18 millions dans le monde soit 0,57 opération chaque seconde. Chaque année dans le monde, 23% des opérations de chirurgie esthétique concernent la lipoaspiration (2,175 millions d’interventions). Près de 30 000 chirurgiens esthétiques exerçaient dans le monde en 2010, dont 6000 aux USA, 5000 au Brésil, 2000 en Chine et 2000 en Inde. En 2016, la grande tendance, dont l’avènement est clair aujourd’hui, réside dans le lipofilling . La réinjection de sa propre graisse retirée puis préparée au cours de la même intervention que l’aspiration . L’ère de la liposculture ou du lipomodelage est né. On ne se débarrasse plus à proprement parler de ses bourrelets graisseux, mais on remodèle son corps, on redistribue ses contours. L’art médical d’une véritable sculpture de la silhouette est lancé!
Docteur Franck Ouakil - Chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique.
Secrétariat : 01 55 30 00 60
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